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Ruée des sociétés occidentales vers le haut potentiel agricole de l’Ukraine

Les multinationales arrivées à partir de 2005 ont poussé le gouvernement à quitter la CEI pour orienter son commerce vers l’Europe. Laquelle n’a pas de scrupules par rapport aux conséquences que cela peut avoir sur l’agriculture des états membres.

Le pays compte 42 millions d'ha de surface agricole, soit 70% du territoire, dont environ 33 à 36 millions de terres arables, le tiers de la surface cultivable de l'UE.

L'accord d'association signé en 2014 entre l'UE et l'Ukraine, au grand dam de la Russie, est le point de départ de la révolution de Maïdan. Primordial et concernant directement le secteur agroalimentaire, le volet commercial de cet accord s'applique depuis janvier 2016. À la faveur de l'abaissement des droits de douanes, les exportations de produits agroalimentaires d'Ukraine vers l'Europe ont bondi de 32% dès 2017 et davantage ensuite.

Parmi les centaines de multinationales nouvellement installées en Ukraine, la Chambre de commerce et d'industrie franco-ukrainienne recense 125 entreprises françaises, dont deux tiers dans l'agrobusiness (Limagrain, Maïsadour, Soufflet, Lactalis, Danone...). Même pour les céréales, ces sociétés « françaises » préfèrent désormais aller produire en Ukraine plutôt qu’en France.

Luc Servant, le vice-président des chambres d'agriculture déclare : « L'Ukraine a un gros potentiel de production, avec la capacité de produire beaucoup pour pas cher grâce à un coût de production bien meilleur que chez nous, à 20 à 30 euros par tonne en moins que chez nous ; ils n'ont pas les mêmes normes, et qualitativement, ils nous concurrencent sur leur taux de protéine. Ajouté à tout cela, ils ont les mêmes marchés que les nôtres ». Les producteurs perdent 100 euros par ha à cause de la concurrence ukrainienne. Il est impossible pour les producteurs français de s’aligner sur les prix ukrainiens, car les standards environnementaux et sociaux sont très éloignés des nôtres. En moyenne, le salaire d'un agriculteur ukrainien est de 220 dollars par mois. C'est une concurrence déloyale. Les prix sont en baisse ainsi que les revenus des 260 000 exploitations céréalières françaises. Jusqu’à quand vont-elles résister ?

En avril 2023, la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie et la Bulgarie ont interdit tour à tour les importations de céréales ukrainiennes sur leur sol. Depuis un an, leurs marchés régionaux se sont retrouvés submergés par les afflux de céréales ukrainiennes. Les prix ont chuté, menaçant directement la viabilité économique des agriculteurs européens.

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